Avec beaucoup de retard et sans excuse valable, voici la suite.
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Merci à Isabelle pour sa relecture
Photo AB: Adam dans sa petite caravane, 23 avril 2020
Voici le 3e volet de mon année 4 de nomadisme. L’ensemble sera publié ici, sous forme de feuilleton couvrant 15 jours environ à chaque fois (donc 24 livraisons pour une année racontée). Des commentaires pourront l’accompagner (sur la newsletter dédiée : https://la-belle-vie.kessel.media/)
Attelage de l’année 4 : caravane Rapido de 3,20m de 1978 rénovée entièrement (cf. intros et photos de l’année 3) et camion MB 100
Equipiers : 4 chiens (Adam, Bonnie, Elvis et Lune), une chatte (Luna)
FEATURING
Ils apparaissent dans ces lignes et certains étaient déjà présentés dans les journaux précédents. Ils m’ont donné leur accord. Merci !
Présentation par ordre alphabétique. SVP, n’y cherchez surtout pas de hiérarchie !
Barbara : une amie de La Grande Paroisse (77), une personne en or rencontrée via un SEL (système d’échange local)
Christian Hanser: créateur et animateur de la Rêvothèque, qui nous rappelle l’importance de ralentir https://revotheque.fr/
Daniel : un de ces oncles de cœur avec qui refaire le monde encore et encore, rire jaune, mais rire quand même de nos faibles espérances quant à la marche du monde
Désiré et Solange : qui m’ont accueillie si souvent chez eux à La Tuilerie de Bezanleu (77) https://tuileriedebezanleu.fr/
Diouldé : créatrice de DCAP Research qui a su me tendre la main à de nombreuses reprises pour m’embarquer sur des projets pros,
Dominique N. : a fait tourner la Tuilerie de Bezanleu et en a transmis les clés à Désiré et Solange, elle parcourt les chemins avec Pagan, un petit Kern bien « déter » :-) Une chouette rencontre permise par la chienchien connexion :-)
Gerlinde est une amie : j’ai l’habitude, par facilité, de la présenter comme mon ex-belle-mère préférée :-)
Isabelle L. a des yeux bioniques, que je sollicite beaucoup non seulement pour des relectures orthographiques, mais aussi pour tester la cohérence d’un texte,
Jacques et Jeff : le duo de Frenchies le plus chouette de La Nouvelle-Orléans, à l’époque à Toulouse
Lilas : ma wonderful nièce, Charlène, sa maman, JP ou PJ mon frère
Maud : ma petite-sœur de cœur
Olivier K. : historien des mathématiques dont les ouvrages sur les origines de la pensée symbolique ont changé ma thèse ; nous ne sommes pas souvent d’accord, mais quel plaisir de discuter !
Olivier W. : anthropologue à Namur
Patricia : la reine du karaoké et des ciseaux, transforme n’importe quel toutou en magnifique créature :-)
Perrine : rencontrée dans un cadre professionnel il y a bien longtemps, partie avec raison habiter en pays belge
Last but not least : Valérie, mon amie d’enfance ; Emma sa fille.
Les entreprises avec lesquelles j’ai travaillé sur cette période sont désignées par l’initiale ou les deux premières lettres suivies d’une étoile (par ex. L*).
EPISODE 3/24
Vendredi 17 avril 2020 – confinement jour 32
Réveil à 9h. Nous avons 18 dedans, 14 dehors. Elvis et Lune sortent. Je pourrais dormir encore pendant des heures. Luna est devant la porte et « parle ». C’est mignon mais ch… Et encore, elle ne nous a pas trop réveillés cette nuit.
Aération du matin, préparation de la maison pour la journée, petit nettoyage de la plaie de Bonnie que je n’avais pas touchée depuis la visite de contrôle (surtout pour vider ce qui sort encore par le trou laissé exprès sous la cuisse.
13h. Je m’y mets ! Aucune envie de travailler mais j’ai 4 rendez-vous téléphoniques pour le cabinet S. cet aprem. Quelques mails (notamment à Daniel C et à Olivier K) entre les appels et puis, plus rien ! Plus de réseau.
Encore un appel et direction les champs pour un mini tour. Bonnie marche de mieux en mieux mais il faut faire très attention à ce qu’elle ne force pas : et pour son coeur, et pour sa cicatrice.
Gamelle du soir. Un appel à 19h30. Il fait très bon : je ressors le rideau-moustiquaire pour garder la porte ouverte.
21h. La soirée file. Je n’ai pas rebossé.
Je me lave les cheveux. Douche bassine un peu plus longue que d’habitude. Résultat : il fait 25 dans la cara ! 15 dehors. Elvis et Bonnie vont prendre l’air.
Au moment de revenir dans la cara pour dormir, Bonnie pique la place d’Elvis à l’avant : elle a plus d’air devant et ne l’a pas oublié !
Depuis que Bonnie est revenue de chez le véto, Lune et Elvis me semblent plus proches. Est-ce seulement parce que Lune manifeste très clairement qu’elle n’apprécie toujours pas complètement les odeurs de Bonnie.
Samedi 18 avril 2020 – confinement jour 33
J’émerge à 9h. Nous avons 18 dedans et 15 dehors.
Elvis, Bonnie et Lune sont sortis une fois cette nuit. Les deux grands avaient chaud ! Lune en a profité pour aller voir s’il n’y avait pas une bestiole à embêter.
Luna a été encore très pénible.
Il a plu une bonne partie de la nuit. Ce matin, les seaux placés à la lisière du hangar sont pleins.
12h45. Je me mets au boulot pour un compte-rendu pour le cabinet S. Bonnie sort toute seule :-)
14h. J’arrête pour nettoyer pour de bon la plaie de Bonnie. Il y a un pus jaune dégueu sous les croûtes. Il faut virer ça. C’est vraiment hyper crado et pas ragoûtant mais je ne peux pas laisser Bonnie comme ça. Le pus ne vient pas de la cicatrice mais semble être le résultat du bouillon de culture entre les croûtes qui se décollent et la peau. J’enlève tout ce que je peux, passe un peu de bétadine diluée, rince abondamment au sérum phy, mets un peu d’homéoplasmine et une compresse.
Je vide aussi un peu ce qui sort par le trou sous le ventre tout en haut au niveau de l’aine : ça pète un peu (il y a de l’air) et ça coule encore mais tout est normal. J’essuie bien les plis de peau car ça ne doit pas être agréable d’avoir des coulures qui macèrent. Autant, le trou du ventre ne me pose pas de problème, autant enlever les croûtes et le pus m’a obligée à prendre sur moi.
15h46. Le tonnerre gronde.
16h13. La première moitié de mon compte-rendu est terminée :-)
Mini tour avec les chiens, désencrottage réglementaire du terrain, brossage et gamelle du soir vers 18h.
Check de la plaie de Bonnie.
20h. Pas du tout envie de rebosser ni de mettre le journal à jour (laissé depuis jeudi). Il me faut plutôt l’énergie du matin pour cela.
Dimanche 19 avril 2020 – confinement jour 34
Réveil à 9h. Luna (pour changer), Elvis et Lune, ont fait un peu de cirque à vouloir sortir et rerentrer.
Je traîne et ne me lève qu’à 10h. Nous avons 18 dedans et 15 dehors.
Le temps de préparer la maison pour la journée, de donner la gamelle du matin, de manger un morceau… Il est 14h30 quand je me remets sur mon compte-rendu pour le cabinet S.
Je traîne. Aucune envie de bosser. Consulte en parallèle Telegram…
16h20. Je n’ai pas fini mais il ne me reste plus grand-chose à faire. Mini tour avec les chiens.
Adam et Lune partent loin et reviennent tout fatigués !
Tour de crottes, poubelles, check vanne arrivée d’eau, plein d’eau…
Gamelle du soir.
Je me fais des pâtes. Adam en réclame. Pas possible de faire des pastas sans partager dans cette maison ;-)
Appel de Delphine qui continue de courir avec le magasin pendant que Steeve lit beaucoup ! Et ne fait pas d’activités avec Diane… Il faudrait que ce soit Delphine… Je ne dis rien mais n’en pense pas moins.
Sms de Frédéric P. qui a l’air de prendre aussi ce temps de confinement du bon côté.
21h50. J’hésite à terminer pour le cabinet S mais je n’ai aucune envie de retravailler. Tant pis ! Ca attendra très bien demain.
Jeu avec le laser de Luna que je lui laisse ensuite en mode automatique.
Puis, enfin, l’un des meilleurs moments de la journée : le café-lecture :-) Je suis toujours bien fatiguée mais avance un peu plus. Ce n’est pas encore formidable mais c’est mieux que les autres soirs !
Lundi 20 avril 2020 – confinement jour 35
Réveil à 8h. Luna n’a pas été trop pénible cette nuit. Elle est restée dehors car il faisait bon. Parfait !
Adam sort pour un premier pipi du matin et se recouche. Elvis se lève pour de bon. Nous avons 17 dedans et 10 dehors. Il va encore faire bon aujourd’hui mais le vent est fort. Les rafales sont très désagréables.
11h30. Je me remets au boulot pour le cabinet S. A 12h46, c’est terminé ! J’envoie !
13h. J’attaque ma déclaration d’impôts sur le site des particuliers. Le réseau plante pas mal mais j’y arrive. Je me rends compte que je n’ai pas compté le matériel investi qui peut être remboursé au titre du CIR. Cela monte le remboursement de mon CIR cette année à un peu plus de 8000 € (env. 5000€ pour mon revenu de chercheuse, le reste en matériel). Si ça fonctionne bien ainsi, ce sera formidable !
Puis j’enchaîne des entretiens pour le cabinet S. de 14h15 à 16h30. J’arrive à avaler un truc entre deux en courant. 16h30. Petit tour avec les chiens. Cette fois, nous allons directement du côté des chevaux. Bonnie m’a montré en partant qu’elle aimerait bien prendre le camion pour aller se balader mais nous n’avons pas le droit d’aller en forêt… Dommage ! Ils doivent en avoir marre des champs mais heureusement que nous avons cette solution !
Au retour, la voisine sympa qui aime les chats me dit que Luna s’est invitée chez elle un midi pour réclamer sa part de saumon !
Puis nettoyage du terrain pendant que tout le monde reprend son souffle.
Gamelle du soir en suivant mes fils Telegram : le pétrole américain est négatif !
21h. Bonnie se met d’elle-même un peu dehors au frais :-) Signe qu’elle se sent bien. Je la laisse dehors avec Elvis et me lave de nouveau avant de continuer la soirée (c’est vraiment la meilleure solution plutôt que de m’y mettre quand mes yeux se ferment!).
Je suis HS. Mon journal n’est pas à jour depuis jeudi mais je n’ai pas l’énergie d’y remédier. Je prends quelques notes et rouvre La 6e extinction. Vais-je arriver à finir ce bouquin un jour ? Shame on me ! Je lis à un rythme qui me fait honte mais je suis tellement crevée que je ne tiens pas du tout le soir.
J’arrive à lire de 22h à 22h40. C’est un peu mieux que les jours précédents mais ce n’est pas encore ça. Un passage parle de la fragmentation de la forêt amazonienne qui pourrait aboutir à une disparition de la pluie. C’est d’autant plus inquiétant après les calamiteux incendies de l’année dernière. J’arrive au chapitre sur la « nouvelle pangée » : la mise en connexion de lieux même reculés du fait de l’action humaine et des déplacements en premier lieu. L’écho avec la période actuelle crève également les yeux.
22h40. Je tombe pour de bon.
Mardi 21 avril 2020 – confinement jour 36
A 2h, Bonnie a un besoin urgent de sortir. Elvis en profite pour mettre le nez dehors et se fait piquer sa place à l’avant par Bonnie. Elle a besoin d’air. C’est vrai qu’il fait très bon. Nous avons 20 dedans ! Je laisse le haut de la porte entrouvert.
Réveil à 8h. Nous avons 16. Bonnie est toujours contente à l’avant. Je suis HS ! Luna a été très très pénible. Ce soir, je la mettrai peut-être dans son camion pour la nuit. Il ne fait pas froid et elle préfère dormir dehors pour être tranquille. De mon côté, j’ai vraiment besoin de quelques nuits sans interruption (même en laissant la porte de la caravane entrouverte il y a 2 jours, je crois, ça n’a pas empêché Luna de rentrer et sortir à plusieurs reprises en gueulant).
Je traîne jusqu’à 9h mais me lève quand même fatiguée ! Pas possible ! J’ai trop de choses à faire !
Vers 10h30/11h, je ne suis pas encore habillée et m’apprête à faire manger les chiens quand je vois Dominique arriver avec Pagan. Elle est venue voir la halle qui s’est affaissée dans le bâtiment central. Florient R. est là pour changer la porte d’Amélie et Mathieu : il ira voir s’il faut mettre des étais et nous dira où.
Je donne ensuite les gamelles, me change pour la journée et avale un truc en vitesse.
Sur Telegram, les nouvelles sont toujours plus ahurissantes ! Le grand abruti qui dirige la Corée du Nord serait peut-être mort, le pétrole US continue de plonger et pourrait être déversé dans la nature… Les effets connus du covid19 sur l’organisme sont de plus en plus variés et inquiétants… Destruction du système immunitaire, attaque des organes comme le foie, le coeur et le cerveau en plus des poumons… Et j’en passe. Quelle belle année ! Et c’est sans parler des risques géopolitiques.
15h25. Mon journal abandonné depuis jeudi dernier est enfin à jour. Bonnie est dehors au frais : dans la terre cette fois ! Elle reprend ses bonnes vieilles habitudes, ce qui est de très bon augure. Sa cicatrice est plus jolie chaque jour et le trou semble ne plus trop avoir besoin de se vider.
Il fait bon mais le vent donne une impression de fraîcheur désagréable. Je troque le short pour un jeans !
Tour avec les chiens, du côté de l’allée des chevaux pour être plus à l’ombre. Au retour, je vois Amélie et son bébé. Nous faisons le trajet jusqu’à la Tuilerie ensemble. Discussion sur le covid19 et les alternatives. Nous sommes sur des planètes différentes, ce qui me conforte dans l’idée que je ne suis pas à ma place avec les écolos et alternatifs « purs ». Leur monde est celui de ceux qui savent, qui sont au-dessus de la mêlée. Pas question pour eux de se mélanger au peuple. C’est si vulgaire !
Amélie refuse de se tenir au courant. Mais elle me rapporte les propos d’une amie : « ce virus est écolo, il tue les vieux », ce qui lui plaît. Ah ben comme ça, on avance bien. Toujours la gentille nature en embuscade qui stérilise la pensée… Affligeant. Je lui parle des fils Telegram qui changent des médias tradis, lui dis qu’il faut aussi que les gens comme elle s’expriment pour montrer qu’il existe déjà d’autres manières de vivre que d’être dans la conso. Ah non ! Elle ne se met pas en avant, elle. Elle prêche par l’exemple auprès des gens qu’elle croise, qui viennent chez elle. Donc, ceux qui sont déjà convaincus. Intéressant… Autosatisfaction benoite et vaine… Je parle du retour éventuel à l’école. Elle n’est pas encore concernée, sa fille a moins d’un an. Elle m’arrête : « ah mais moi je pense tellement différemment ! Elle n’ira pas à l’école. » Evidemment, suis-je bête ! Avec moins d’argent, elle appartient quand même à la même classe d’écolos boboïsants-je-sais-tout qui donnent des leçons (oui, je suis dans le cliché, j’assume). Ce n’est pas mon monde. Je préfère parler à ceux qui pensent qu’ils sont coincés et qui me touchent vraiment plutôt que de fréquenter ces écolos qui vivent dans leur bulle et ne veulent surtout pas se salir les mains. Mais s’ils peuvent vivre leur petite vie, c’est parce que d’autres s’occupent de rendre cela possible. Ai-je envie de me battre pour ces gens-là ? Non. Mais pour le monde auquel j’aspire, oui. Avec ou sans eux. De bons petits « nazis verts » en puissance, comme le couple du mobilab songo. C’est décidé, c’est à des gens comme ça que mes 11 personnages essaieront d’échapper dans leur « Suite royale » (suite de mon premier roman honteusement toujours remise à plus tard). Nettoyage du terrain, gamelle du soir, routine.
20h57. Luna est dans le camion que je n’ai pas encore fermé. J’ai des scrupules mais elle aime le calme de cet espace où elle est en sécurité. J’installe la caisse, une grosse couverture et ses gamelles.
21h55. Elle y est toujours. Je lui remets un sachet et ferme. Bilan demain matin.
Dans la caravane, ça nous fait beaucoup plus de place d’un coup sans la caisse ni les coussins de Luna. Je fais un peu d’administratif, hésite à aller voir si tout va bien dans le camion.
22h28. Café et lecture :-) Avec les oiseaux nocturnes qui chantent comme rarement, ou alors était-ce par ce que je n’y faisais pas assez attention ? J’avance dans La 6e extinction. L’écho est toujours terrible avec aujourd’hui : passage sur le caractère nouveau qui rend plus mortel un intrus dans un environnement.
23h22. J’ai mieux lu :-) Temps de dormir.
Mercredi 22 avril 2020 – confinement jour 37
7h moins dix. Bonnie sort. Elle n’a pas voulu faire de dernier pipi avec les autres à 23h30. Elle était sortie à 22h. Je n’ai pas bien dormi en début de nuit, m’attendant à ce qu’elle ait besoin de sortir. Finalement non mais ce matin, elle est pressée. Elvis et Lune sortent aussi.
Tout le monde rentre pour redormir un peu. Nous avons 15 dedans et 8 dehors.
Je somnole jusqu’à 8h environ quand Adam sonne le réveil. C’est à son tour de vouloir sortir.
Je vais ouvrir à Luna qui semble très bien et ronronne sur le siège conducteur. Je lui ai installé un de ses coussins sur le siège passager mais elle n’en a pas voulu. Elle ne saute pas dehors de suite, ce qui m’enlève mes scrupules.
Routine du matin. Aération… gamelle… J’écoute Les chemins de la philosophie sur Culture sur Schopenhauer qui avait plaisir à voir les animaux et du dégoût pour les hommes. Typique des personnes maltraitées. D’ailleurs, il ne s’entendait pas avec sa mère.
11h. De l’administratif pour rattraper mon retard pendant que j’ai du réseau.
13h33. Réseau pourri. Ça rame et je suis épuisée. Je m’allonge à l’arrière avec Adam et Lune. Adam est peu pénible parce qu’il veut que je le caresse et ne trouve pas à son goût que je souhaite seulement dormir. A 15h24, il va dehors avec Lune. Je suis toujours aussi naze. Cette fois, c’est Bonnie qui rentre et se pose à l’arrière avec moi. Je me rendors jusqu’à 16h30 environ.
J’hésite ensuite à aller balader les chiens mais ils ont bien envie de se promener. Direction le chemin des chevaux comme hier pour profiter de l’ombre et de la brise qui y est beaucoup plus agréable que dans les champs tout de suite à droite en sortant.
Alors que je vais refermer la grille de la Tuilerie, ils partent en gueulant vers une femme et deux enfants. Je vais m’excuser et nous faisons un bout de chemin ensemble. Elle est hôtesse de l’air pour Hop et son mari gendarme. Leurs enfants sont en primaire pour la fille et en 5e pour le garçon. Ils sont très sympa. Nous discutons un bon moment. Je parle à la maman de Telegram pendant que les enfants jouent avec Elvis et surveillent les autres cocos, dont Bonnie !, qui sont allés croquer un bout de la charogne de cervidé qui traîne encore au coin d’un bois, non loin du chemin. Elle me dit qu’il y a des masques dans la gendarmerie de son mari mais qu’ils n’ont pas le droit de les mettre. Honteux ! Nous discutons des soubresauts à venir. Elle a grandi aux Ulis. Elle voit bien ce qui se profile et a connu aussi les comportements inadmissibles de certains flics cowboys en banlieue. Comment faire pour que nous soyons ensemble dans les prochaines luttes ?
Je les laisse poursuivre pour aller voir les chevaux. La petite fille monte à Fontainebleau mais ne peut plus depuis le confinement. Sa mère l’emmène voir les canassons pour la distraire un peu. Nous rentrons à petits pas.
Gamelle des cocos, routine du soir. Je prépare le camion pour y mettre de nouveau Luna qui n’a encore pratiquement rien mangé depuis hier et édite mon attestation pour le déplacement à Montereau demain pour le retrait des fils de Bonnie.
Je me lave tôt pour ne pas que ce ne soit pas la corvée avant de dormir.
21h34. Il est tôt mais je veux être sûre de coincer Luna : je l’enferme dans le camion. J’ai toujours des scrupules mais elle gueule de temps en temps à tue-tête comme si elle était perdue. En fait, je pense que c’est parce que la bouffe que j’ai pour elle ne lui plaît plus. Elle veut autre chose. Elle attendra demain que je puisse refaire quelques courses.
21h42. Thé-lecture :-) J’éteins l’ordi.
22h50. Je ferme le bouquin. Dehors, il y a un concert magnifique. Pourtant il fait bien nuit ! Mais ça ne peut pas être des rapaces. Depuis plusieurs soirs, cela se répète sans que je sache quel oiseau chante ainsi. Une petite recherche internet plus tard et je crois avoir trouvé l’artiste : le rossignol philomèle. J’essaie d’enregistrer mais ça ne donne rien. Tant pis.
Jeudi 23 avril 2020 – confinement jour 38
Réveil un peu avant 8h pour pouvoir partir chez le véto à 10h30. J’ouvre à Luna qui râle et se précipite dehors. Elle n’a presque rien mangé de ce qui était dans le camion. Je ne la mettrai peut-être pas dedans ce soir.
Routine du matin. Aération rapide pour donner les gamelles vers 9h30. Appel du vétérinaire de Bonnie juste avant : le rdv de 11h est décalé à 14h. Il a une chirurgie en urgence à effectuer. Je me mets à la place des gens concernés…
Plus tôt, sur France Culture, Hervé Gardette parlait de sa caravane sans roue qui lui offre un refuge immobile et de son envie de sauter directement au monde d’après après. Comme j’aimerais aussi.
10h30. De l’administratif en écoutant Les chemins de la philo toujours sur Schopenhauer.
11h. Appel de Perrine, confinée à côté de Carcassonne avec sa fille et ses parents. Son mari est resté à Ixelles. Il est médecin mais par chance pas trop exposé. Elle me dit qu’il a choppé le covid19 en février et qu’elle a aussi eu quelques symptômes pendant 3 ou 4 jours.
11h40. Réseau pourri, comme d’hab. Je rame et mets un temps fou à faire la moindre démarche. Je switche sur la mise à jour du journal jusqu’à 12h20. Je n’ai pas terminé mais je veux déjeuner rapidement et préparer le camion pour partir à 13h30 (ranger le panneau, remettre les tapis des chiens que je leur installe devant la caravane…).
13h30. Départ pour Montereau. Arrivée chez le véto, une dame discute avec lui : apparemment l’opération du matin n’a pas réussi. Ce pauvre animal n’a pas eu la chance de Bonnie. Nous y allons. Bonnie a mis un peu de temps à descendre du camion mais se laisse conduire ensuite avec Elvis en salle de consultation.
Le véto commence à enlever les fils par terre et nous terminons en mettant Bonnie sur la table et en la maintenant couchée sur un côté. Je lui tiens les pattes de dessous pour l’immobiliser et essaie de la calmer en lui parlant. Elle a très peur mais la cicatrice est jolie et le véto termine vite. Il est étonné que la plaie se soit aussi vite et bien refermée :-) Et voilà ! C’est fini ! Bonnie n’a plus de fils ! Elle a encore quelques croûtes que je vais surveiller au milieu du ventre plus le trou de drainage qui se referme sous la cuisse.
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