Journal de l’année 4 (16 mars 2020 – 7 avril 2021) - Épisode 2/24

Après une interminable attente... Des centaines de milliers de mails de lecteurs angoissés ;-), voici l'épisode 2. Je plaide coupable pour le délai, amis abonnés : le quotidien a encore frappé!

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Entre menus travaux sur mon petit bateau, ma première sortie solo en mer (oui, je suis fière :-)) et quelques jours pour ma nièce, j'ai laissé le quotidien gagner du terrain sur le travail d’écriture. On se reprend, mais on continue tout schuss quand même en surveillant la météo pour retourner vite goûter les embruns et viser l’horizon :-)

En attendant, voici le deuxième volet de mon année 4 de nomadisme. L’ensemble sera publié ici, sous forme de feuilleton (15 jours par 15 jours environ), soit 24 livraisons pour une année racontée. Des commentaires pourront l’accompagner (sur la newsletter dédiée : https://la-belle-vie.kessel.media/)

Dans cet épisode :

- toujours le confort de la Tuilerie de Bezanleu (https://tuileriedebezanleu.fr/) (77) : merci à Solange et Désiré Sankara pour ce confinement de luxe !

- l’accompagnement de Bonnie pour l’ablation de sa tumeur sous le ventre : opération !

- la flipette politique … toujours ! (oui, je l’avoue : j’étais, je suis et serai politicondriaque).


Attelage de l’année 4 : caravane Rapido de 3,20m de 1978 rénovée entièrement (cf. intros et photos de l’année 3) et camion MB 100

Équipiers : 4 chiens (Adam, Bonnie, Elvis et Lune), une chatte (Luna)

FEATURING

Ils apparaissent dans ces lignes et certains étaient déjà présentés dans les journaux précédents. Ils m’ont donné leur accord. Merci !

Présentation par ordre alphabétique. SVP, n’y cherchez surtout pas de hiérarchie !

Alain P. : mon parrain, fils de Sylvie, ma grand-mère de cœur (disparue en juin 2021)

Barbara : une amie en or de La Grande Paroisse (77)

Charlène et Lilas : ma wonderful belle-sœur et non moins wonderful nièce

Daniel : un de ces oncles de cœur avec qui refaire le monde encore et encore, rire jaune, mais rire quand même de nos faibles espérances quant à la marche du monde

Gerlinde est une amie : j’ai l’habitude, par facilité, de la présenter comme mon ex-belle-mère préférée :-)

Isabelle L. a des yeux bioniques, plus forts que les logiciels de correction orthographique ! Mais c’est surtout une amie précieuse pour sa qualité d’écoute et son grand sens de l’observation.

Laurent B. est un ami chercheur, aujourd’hui en poste au Maroc.

Last but not least, un trio de super nanas :-) : Valérie, mon amie d’enfance (depuis que nous avons 3 ans !) ; Emma sa fille ; Marie-Josée sa maman.

Les entreprises avec lesquelles j’ai travaillé sur cette période sont désignées par l’initiale ou les deux premières lettres suivies d’une étoile (par ex. L*).

Merci infiniment à Isabelle L. pour sa relecture.

Photo AB : petit matin brumeux à la Tuilerie, avant de partir pour l’opération de Bonnie, 7 avril 2020


ÉPISODE 2/24 : clap!

Mercredi 1er avril 2020 – confinement jour 16

Réveil à 9h. 9°C dedans. J’ai rechauffé dans la nuit, mais il a fait plus froid que la nuit précédente. Tout est blanc de givre. Forcément, avec cette connerie de changement d’heure, c’est comme s’il était 8h...

Je n’ai plus mal à la gorge :-) Luna est restée avec nous toute la nuit. Elle sort et revient quand j’appelle Elvis, après avoir aéré et rangé. Elle a compris que c’était le moment de la gamelle du matin et qu’elle allait avoir une taxe également :-)

Ce matin, je donne du cervelas. Le cachet de Bonnie passe sans problème coupé en 4 ! Ouf !

Plus de vent, mais quand même quelques rafales vers midi qui s’arrêtent rapidement. Parfait !

Je termine de mettre ce journal à jour avant de retourner enfin à mes relectures de l’année 1. J’avance jusqu’à la moitié :-)

15h. Mini tour dehors et désencrottage du terrain. Rangement du camion : réorganisation de la partie almacén (stock) :-) Mon magasin-garde-manger passe entièrement dans 2 caisses sur le meuble à outils. C’est beaucoup plus pratique.

Goûter avec du pain pour Elvis et Bonnie, Lune essaie aussi. Adam a du lait. De mon côté : un bol de poudre au cacao pour bébé.

17h50. Brief du cabinet S. pour la deuxième partie de l’étude sur la participation citoyenne. Puis nouveau tour rapide de terrain. Gamelle du soir, dîner de mon côté suivi d’une douche bassine. Toujours plus agréable de bonne heure.

21h45. Je me remets sur l’ordi pour un peu d’administratif, notamment la demande d’aide exceptionnelle pour les TPE. Comme sur mon mois de mars 2019, j’avais près de 1200€ de chiffre et zéro ce mois-ci, j’espère en bénéficier. Je suis impactée de manière moins frontale qu’un coiffeur ou un fleuriste, mais tout est retardé et je ne parle même pas des prochains paiements pour l’étude sur l’énergie… J’espère qu’elle sera bien bouclée cette année comme prévu pour ne plus m’embêter avec ça.

Quelques échanges sur Telegram sur le fil de Diem25 France. Puis 23h30 : un café et de la lecture :-)

Ça a été une bonne journée :-)

Jeudi 2 avril 2020 – confinement jour 17

Hier soir, les chiens n’ont pas voulu ressortir pour un dernier pipi (ils étaient sortis moins de 30min avant, car je pensais lire plus longtemps, mais je me suis écroulée vers minuit). J’ai donc dormi en guettant les signes d’une urgence canine. Je me suis réveillée plusieurs fois pensant qu’ils avaient besoin de sortir, mais c’était soit Bonnie, soit Adam qui bougeaient comme des éléphants. J’ai rechauffé 2 fois, car nous étions tombés à 9°C à l’intérieur : signe que ça avait bien baissé dehors et aussi qu’il est temps de changer de maison ou de l’améliorer encore (ma porte est une passoire).

8h – le quart : cette fois, Adam et Elvis ont besoin d’aller dehors. J’émerge à peine d’un cycle de sommeil et suis encore ensuquée. Dehors, tout est recouvert de givre. Je lance le kerdane puis tout le monde se rendort jusqu’à 10h15. C’est la radio qui me réveille. J’ai dû faire une mauvaise manip hier et enregistrer un réveil. Nous avons gardé 12 degrés, mais il ne fait que 5 dehors.

Je prends mon temps et écoute le rendez-vous de midi de France Inter, un peu obligée, car la grille de France Culture est cannibalisée. J’entends A.C. intervenir sur les dangers du flicage numérique. Il tire à boulets rouges sur la politique du gouvernement et sur les pseudo-progrès des technos de l’info. Derrière mon poste, je gueule pour moi toute seule : « vas-y !! Défonce-les !!! » Et c’est ce qu’il fait ! Mais je n’en doutais pas. Merci, merci, merci !!!!! Maintenant, il va falloir qu’on se réveille, nous tous les citoyens lambda, et qu’on prenne notre destin numérique en charge.

J’ai traîné, mais c’est bon ! Les infos sont de nouveau plus intéressantes, car la géopolitique fait son retour. Malheureusement, c’est accablant et très inquiétant. Les USA préparent-ils un sale coup en direction de l’Iran ? Fort possible. Pendant ce temps, la Chine organise la propagande anti-US… Quel monde ! J’espérais que la situation apocalyptique (et encore, attendons de voir ce qui nous attend, à mon avis, on n’a pas touché le fond hélas) dans laquelle nous sommes attendrait encore quelques années pour s’installer. J’espérais que ma nièce aurait le temps de grandir et de se former, de s’armer intellectuellement. Elle va grandir dans un monde en dislocation. Il faut qu’on s’organise au niveau local et c’est ce qui semble émerger, mais y parviendra-t-on si tous les pires abrutis du monde se liguent pour régler leurs comptes par guerres interposées et/ou à coup de bombes nucléaires ? Ma petite Lilas, j’aimerais tellement que tu grandisses dans un monde meilleur.

Puis action ! Tout le monde a mangé et se repose. Je mets ce journal à jour et avance dans mes relectures de l’année 1.

16h25. Le réseau est pourri. Tant pis, je sauvegarde sur mon disque dur externe (bientôt, nous ne pourrons peut-être plus utiliser internet à moins d’avoir appris à se protéger du flicage).

J’embarque les loulous pour une petite balade. Nous allons jusqu’au pré avec la grande flaque. Adam se baigne. Bonnie préfère manger des crottes de bestioles dans le champ en face. Je préfère encore ça, car sa blessure ne s’est pas plus ouverte. Il fait bon, et même chaud pour elle, mais tant pis. Pas de baignade !

De retour à la Tuilerie, c’est le tour classique de désencrottage du terrain, une mini lessive de tissus pour se laver et faire la vaisselle. Je fais aussi de nouveau le plein d’eau.

Enfin, dîner des cocos et le mien.

20h30. Un tour sur Telegram avant de me remettre sur l’ordi pour un peu d’administratif (envoi de l’autorisation de LP. pour l’opération de Bonnie entre autres, car sa carte d’identification est à son nom). Je réponds à Daniel.

22h51. C’est l’heure de mon café plaisir. Au lieu d’ouvrir tout de suite mon bouquin, je traîne de nouveau sur Telegram, en particulier sur le fil de commentaires. L’ambiance y est différente. On sent que ça se tend. Un gars explique qu’il a des armes pour se protéger et peut tenir des mois… On va arriver à cette situation de pénurie où ceux qui auront un peu vont tirer sur les moins bien lotis sans penser que la pénurie est liée à ceux d’en haut. Ça me terrifie et me plonge dans une tristesse infinie. Quelques pages quand même de La 6e extinction. J’avance comme une tortue. Affligeant. Il faut que je reprenne de bonnes habitudes de lecture si je veux garder un cerveau en état de fonctionnement correct pour la suite. Et il va falloir être réveillée !

Vendredi 3 avril 2020 – confinement jour 18

Réveil en fanfare à 8h moins le quart. Fausse alerte : comme hier, Adam se tourne. On se rendort un peu. Elvis veut sortir vers 9h. Je traîne de nouveau avec les infos. Il fait bon. Nous avons presque 15 dedans. J’ai rechauffé pendant la nuit mais à peine. Dehors : env. 10°C.

Routine du matin. Gamelle des cocos. Bonnie prend son comprimé antidouleur coupé en 4 et caché dans des ravioli. Ça passe ! La boule ne saigne pas. Je n’y touche pas, mais secoue son tissu pour enlever la terre et la poussière et lui rattache correctement. Je déjeune en même temps. Une chose de faite !

13h. Mise à jour du journal et relectures de l’année 1. Puis, je remets 10€ sur mon compte Courrier du Voyageur et demande l’envoi de 2 courriers chez les voisins de la Tuilerie (ma carte verte et l’attestation de versements de 30 millions d’amis pour 2019).

14h38. J’attaque les mises en rdv pour le cabinet S.

Lallement, ce gros con de préfet de Paris a déclaré que les personnes qui étaient en réa n’avaient pas respecté le confinement… Toujours cette vision culpabilisante de ceux qui tombent… que ce soit économiquement ou parce qu’ils sont malades. C’est de leur faute ! Toi, mon gars, j’attends que tu le choppes aussi ! Il s’excusera ensuite, mais ça ne change rien. Ça reste un gros C.O.N. agi par une idéologie rétrograde.

Quelques appels pour le cabinet S. puis désencrottage du terrain et mini tour devant la Tuilerie aux alentours de 16h.

Puis gamelle du soir et grignotage de mon côté. De nouveau, quelques coups de fil pour la mission en cours.

Vers 20h10, Bonnie est agitée : son tissu est trop serré et la gêne pour se coucher.

23h30 : café plaisir et lecture :-)

Vers minuit et quelque, je suis crevée, mais je résiste pas à aller voir les nouvelles sur Telegram.

00h50, cette fois on se couche. On a passé minuit : bon anniversaire Lune ! Elle a 9 ans et moi 44 !

Samedi 4 avril 2020 – confinement jour 19

Réveil vers 9h30. C’est l’anniversaire de Lune et le mien aujourd’hui. Messages super chouettes de Valérie, sa maman Marie-Josée et Charlène. Appel de Gerlinde. Merci !!

Bonnie veut rester dedans malgré le grand beau temps.

13h15, Appel de mon frère :-) Puis j’attaque mes rendez-vous téléphoniques pour le cabinet S.

Tour à pied un peu plus long qu’hier. Pour le coup, une vraie balade même si ça reste modeste par rapport à ce qu’on faisait avant. Bonnie est heureuse de partir et de sortir, même si elle a du mal assez vite. Il fait chaud aussi : pas évident pour elle.

18h. Mon rendez-vous est reporté à lundi. Parfait ! Je m’ouvre une petite bière. Pas envie d’ouvrir la bouteille de champ. surtout que Bonnie n’est pas au top. Je préfère la garder pour la publi du journal de l’année 1.

Gamelle du soir. Je fais des pâtes en même temps. J’ai faim ! Partage de pasta avec les zozos qui adorent ça puis d’un concombre, d’une pomme et d’un kiwi. Lune préfère le concombre et laisse plus volontiers sa part de pomme. Elle ne veut pas du kiwi. Bonnie se régale en revanche. Adam et Elvis sont restés aux pâtes.

Puis, on joue un peu avec Lune et Elvis. Nous faisons de toutes petites balades au rythme de Bonnie et mes loulous sont gentils de ne pas faire plus les andouilles. Ils ont besoin de se défouler. Bonne séance suivie d’un brossage.

Le soir tombe. Bonnie est dehors. Je sors le petit banc de Guyane pour m’asseoir à côté d’elle. Je ne le fais jamais. Erreur ! Elle est contente et nous passons un moment toutes les deux à regarder le coucher du soleil, les premières chauves-souris. Et puis, tout d’un coup, le rouge devient gris, on s’enfonce un peu plus vers la nuit.

Depuis hier, les autres commencent à renifler la boule de Bonnie, signe que ça ne va pas en s’arrangeant. J’ai envie de pleurer, mais essaie de me reprendre. Il ne faut pas pleurer ce qu’on n’a pas encore perdu. Il faut le célébrer. Si Bonnie meurt mardi (l’opération ne marchera peut-être pas), je veux que ces derniers jours soient heureux et insouciants au possible : qu’ils soient anodins, tranquilles, sans stress. Je me demande aussi ce que je ferais si on m’annonçait que je n’avais plus que quelques jours à vivre. Je crois que je ne changerais rien à ma routine.

Je n’ai pas le courage de mettre ce journal à jour (pour ne pas replonger dans ma tristesse par rapport à l’état de Bonnie) et me contente de quelques notes pour garder la mémoire de cette journée. Je m’en occuperai demain : c’est comme si la peine était plus facile à affronter avec le soleil.

21h. Un peu d’administratif, un peu d’infos.

22h50. Douche bassine et au lit. Je suis trop fatiguée pour lire. Tant pis.

Dimanche 5 avril 2020 – confinement jour 20

Lune nous embête pour sortir et foncer manger de l’herbe. J’essaie de lui laver le gosier avec un seringue d’eau comme pour Elvis quand il se lèche trop et se retrouve avec des poils trop loin dans la gueule. Mais ça ne semble pas être ça. Elle est agitée. C’est aussi sans doute parce qu’on ne bouge pas assez en ce moment. Mardi, je lui ferai faire une grande balade quand Bonnie sera chez le véto.

En revenant du camion que j’ai ouvert pour sortir le panneau, je vois une chauve-souris sur le dos, les ailes ouvertes, tout près de la cara. Elle bouge un peu, mais je pense que c’est le vent. Je la touche avec la pelle pour la mettre plus loin, elle ouvre sa gueule et essaie de bouger plus. Pauvre bête ! Comment faire ? Je la mets dans un carton à l’abri de la lumière et de la chaleur et la pose sur le toit de la cara pour que Luna ne soit pas tentée d’aller la croquer. Elle replie ses ailes un peu mieux. Je la laisse tranquille pour la journée. Le carton n’est pas fermé complètement, elle a donc de l’air qui passe sans problème et pourrait même sortir seule en se faufilant. Je doute qu’elle soit en état de le faire, mais nous verrons plus tard !

Déjeuner pour tout le monde puis je reprends le livre de Lilas. J’étoffe l’histoire et complète les coloriages. C’est mieux, mais ce n’est pas encore ça. De toute façon, on n’est pas pressé : La Poste tourne au ralenti et on va être confiné encore un moment.

Je sors les poubelles avec Lune et Elvis puis avance un peu dans l’allée qui va vers les champs avec tout le monde. Ce n’est pas une vraie sortie, mais ils sont contents de crotter dehors. Je refais le plein d’eau, referme la vanne et la grille de la tuilerie avant de faire un bon tour de désencrottage.

15h30. Il fait chaud. Je suis en T-shirt pour la première fois de l’année, et en tongs sans chaussettes ! Nous avons presque 20°C, peu de vent et un grand soleil. J’ajoute des serviettes sur les couvertures des chiens pour qu’ils aient moins chaud sur leurs lits. Ça y est : on passe en config saison (plus) chaude.

Je me remets sur mon journal de l’année 1.

16h40 : j’ai fini cette relecture ! Il faudra peaufiner, mais le gros est fait. Je sauvegarde sur mon disque dur externe, car je n’ai aucun réseau.

Mini saut devant la tuilerie avec les cocos avant la gamelle du soir et mon grignotage.

Je suis fatiguée et au lieu de me remettre sur l’ordi pour ce journal notamment, je traîne avec les infos. Appel d’Alain P. pour mon anniv. Merci ! Finalement, à 21h20, je n’ai rien fait de plus ce soir, mais ce n’est pas bien grave. J’éteins l’ordi sans avoir retravaillé.

21h30. Thé et lecture :-) Nous avons 19 dedans sans avoir chauffé de la journée. Dehors : 6/7°C.

Sylvie m’appelle vers 22h. Merci !!

Je suis crevée, mais veux lire encore un peu : un café et je m’y remets.

23h. Cette fois, j’arrête, mais je suis bien contente d’avoir pris ce temps pour lire. Un petit tour sur Telegram et le Guardian. BoJo est hospitalisé ! Lui qui faisait le mariole ce grand connaud !!! Je ne lui souhaite pas d’aller plus mal. J’espère juste que ça le fera réfléchir… Je suis peut-être trop optimiste.

Lundi 6 avril 2020 – confinement jour 21

8h30. Réveil. J’ai l’impression d’avoir plus rêvé grâce à mes lectures d’hier. Je rêve plus quand je lis. Est-ce une fausse impression ? Nous avons 17 dedans :-) Dehors, env. 10°C à 9h.

Emma a 15 ans aujourd’hui ! Message à Valérie qui me donne son mobile. Je lui écris donc en direct et elle me répond un très gentil message ! Merci à toi, Emma !

Puis gamelle du matin et mon grignotage. Bonnie prend son médoc antidouleur avec des ravioli sur ses croquettes et je me fais un taboulé tout prêt. Parfait !

11h30. Je vois du sang sur une patte arrière de Bonnie : sa boule a percé à un autre endroit, mais le saignement n’est pas très important. Je lui remets une compresse et déchire une autre taie d’oreiller pour lui changer le tissu.

13h11. J’ai fini de mettre ce journal à jour (en friche depuis vendredi après-midi). Je confirme : toujours plus facile en plein jour quand il faut évoquer ce qui est triste.

[Je reprends le fil, grâce à mes notes, le vendredi 10 avril. Bonnie est presque tirée d’affaire. Pas eu le courage de me remettre sur ce journal alors que tout était incertain. J’ai beau écrire quelques jours en décalé alors que tous les espoirs sont permis pour Bonnie, je ne peux m’empêcher de pleurer. Ma pauvre Bonnie qui a tant souffert alors qu’on aurait pu lui enlever ça bien avant et en prenant moins de risques !]

Quelques appels pour le cabinet S.

Le temps est gris. Il pleut vers 15h. Ça rafraîchit ! Parfait pour les cocos.

Balade dans les champs. Bonnie est volontaire, mais a de plus en plus de mal à avancer.

Au retour, un entretien pour le cabinet S. à 18h puis gamelle du soir. Je grignote en même temps. Bonnie mange bien. J’espère que ce n’est pas son dernier repas.

Un dernier entretien vers 20h pour ma mission du moment. Quelques mails dans la foulée et je remplis en ligne mon attestation de sortie pour demain matin.

22h44. Un café et le Guardian.

Elvis et Bonnie sont dehors. Ils profitent du soir. Je vais un peu avec eux. Ils ont raison. Tout est calme, apaisant et beau, sauf pour les bestioles qui ont faim et/ou celles qui vont se faire croquer cette nuit, comme l’aurait peut-être souligné Darwin. Il n’empêche : pour mes cocos, la soirée est belle. La semaine a été relativement bonne pour Bonnie, mais elle me montre qu’il ne faut plus traîner. Je suis heureuse de la faire opérer demain. Quoi qu’il arrive, je me dis que je n’aurai pas de regret de lui avoir fait gratter la semaine.

[En écrivant ça plusieurs jours après, je ne peux que constater que je regrette quand même d’avoir attendu alors qu’il n’y avait pas d’autre solution. Surtout, je regrette de n’avoir pas sollicité un autre avis médical. J’avais bien posé la question à la vétérinaire qui pratique des médecines alternatives quand j’avais emmené Elvis pour ses vaccins en septembre 2019. Je ne voulais pas retourner au Confluent pour ne pas me faire brutaliser de nouveau. La véto de Champagne-sur-Seine n’avait pas contredit ce que je lui rapportais du diagnostic du Dr. R., mais elle n’avait pas l’air convaincu non plus. Elle aurait dû me dire qu’elle avait des doutes. De mon côté, au lieu d’être heureuse d’être rassurée par l’idée d’une boule de graisse, j’aurais dû insister pour obtenir un autre diagnostic].


Minuit, Bonnie veut ressortir. Elle est agitée. Elle doit avoir mal et être inquiète. Je ne comprends pas ce qu’elle a et je me sens démunie pour l’aider.

...

Du bitume à l'eau, journal de bord

Du bitume à l'eau, journal de bord

Par Alexandra Borsari

Écrivaine de fiction et non-fiction. Militante pour un congé citoyen et la Skholè pour tous : avoir du temps pour soi, en particulier pour les activités culturelles, ne devrait pas être un luxe réservé à de rares élus. Nomade sur les routes d'avril 2017 à début 2023, je vis maintenant sur l'eau dans un petit voilier. Apprentissage de la navigation en cours pour repartir en itinérance, au moins une partie de l'année.

Photo GL : estuaire de la Vilaine, septembre 2023.

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