Journal de l’année 4 (16 mars 2020 – 7 avril 2021) - 1/24

La bascule dans un autre monde! Celui du confinement! Angoisse, confinement de luxe, accompagnement de Bonnie vers l'ablation de sa tumeur, interrogations politiques

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Voici le premier volet de mon année 4 de nomadisme. L’ensemble sera publié ici, sous forme de feuilleton (15 jours par 15 jours environ), soit 24 livraisons pour une année racontée. Des commentaires pourront l’accompagner (sur la newsletter dédiée : https://la-belle-vie.kessel.media/)

Merci à Isabelle L. pour sa relecture, encore une fois si minutieuse !

Image : anonyme, mars 2020

Depuis la parution de l’année 3, en avril 2022, nous avons laissé la route pour passer sur l’eau : une transition inattendue mais qui va dans le sens d’une moindre dépendance au pétrole, comme souhaité depuis le début de cette aventure non sédentaire. Durant l’été 2022, j’avais exploré quelques pistes de terrains avec l’idée d’y habiter une partie de l’année et « d’itinérer » à vélo le reste du temps. L’opportunité du bateau s’est présentée fin août / début septembre 2022.

Depuis, le temps a filé à vive allure : deux mois de chantier à terre, une remise à l’eau fin octobre 2022 et le début d’un nouvel apprentissage, car après l’entretien à sec, venait le temps des premières manœuvres au moteur, puis des débuts à la voile. Aujourd’hui, je suis un peu plus autonome avec mon bateau, mais il me reste encore tout à apprendre et comprendre de la nouvelle planète sur laquelle je suis tombée.

Le camion a été vendu en mai 2023 et nous voilà, avec Lune, la dernière de l’équipe à fourrure, désormais à pieds-coussinets et en bateau. Lune fatigue beaucoup : elle a vieilli sans que je m’en aperçoive, trop occupée que j’étais à tenir la patte aux autres. Bonnie a quitté la scène la nuit de Noël 2022, Elvis le 1er mars 2022. Adam, quant à lui, avait suivi Luna de quelques jours, en janvier 2021.

Nous sommes pour l’instant redevenues presque sédentaires, ou plutôt des itinérantes en suspens : entre deux déplacements. La vadrouille me manque, mais il fallait bien en passer par ce nouveau déménagement et une forme d’immobilité au ponton, le temps de nous lancer correctement.

Pour l’instant, place à l’année 4 entamée avec le premier confinement. Un autre monde également, avec au menu :

- l’angoisse précédant le 1er confinement,

- le confort de la Tuilerie de Bezanleu (77)

- l’accompagnement de Bonnie pour l’ablation de sa tumeur sous le ventre : tristesse, angoisse et espoir,

- la flipette politique (oui, je suis politicondriaque, je le reconnais).

Un immense merci à Solange et Désiré Sankara pour ce confinement de luxe !

https://tuileriedebezanleu.fr/


Attelage de l’année 4 : caravane Rapido de 3,20m de 1978 rénovée entièrement (cf. introductions et photos de l’année 3) et camion MB 100

Equipiers : 4 chiens (Adam, Bonnie, Elvis et Lune), une chatte (Luna)

FEATURING

Ils apparaissent dans ces lignes et certains étaient déjà présentés dans les journaux précédents. Ils m’ont donné leur accord. Merci !

Présentation par ordre alphabétique. SVP, n’y cherchez surtout pas de hiérarchie !

Daniel : la personne que j’appelle en premier quand je suis en manque de discussions stimulantes, ancien prof d’histoire, chercheur dans l’âme, citoyen engagé, bref, M. Daniel, tu es pour moi, comme Bernard, un peu un oncle de cœur :-)

Gerlinde est une amie : j’ai l’habitude, par facilité, de la présenter comme mon ex-belle-mère préférée ; Gerlinde et Jean, son mari décédé en juin 2014, m’ont toujours soutenue et encouragée, même lors de ma séparation avec leur fils LP avec qui j’avais adopté Elvis et Bonnie.

Isabelle L. a des yeux bioniques, plus forts que les logiciels de correction orthographique! Mais c’est surtout une amie précieuse pour sa qualité d’écoute et son grand sens de l’observation. Son mari s’appelle Patrice.

Laurent B. est un ami chercheur, aujourd’hui en poste au Maroc.

Olivier W : ami anthropologue belge que j’assaille régulièrement avec mon pessimisme politique. C’est dans son jardin que j’avais envisagé un temps de m’exiler si l’extrême droite arrivait au pouvoir.

Patricia est une amie rencontrée via le SEL (système d’échange local) de Chéroy (89) ; elle toilettait et transformait tous les ans Elvis et Bonnie en magnifiques phacochères du bush ouest européen (espèce malheureusement éteinte).

Solange et Désiré m’ont régulièrement ouvert les portes de leur royaume, véritable paradis pour travailler en paix : la Tuilerie de Bezanleu à Treuzy-Lévelay (77).

Thierry : patron de Servidog, magasin d’alimentation pour chiens et chats à Nemours (77), grand lecteur d’ouvrages de préhistoire, fan inconditionnel de Pascal Picq et soutien enthousiaste de ma vie nomade.

Last but not least: Valérie est mon amie d’enfance (depuis que nous avons 3 ans  !), Emma sa fille.

Ils ne sont plus là, mais leur souvenir est bien vivant :

– Bernard, décédé en novembre 2019, faisait partie, comme Daniel, de ce cercle de personnes bienveillantes rencontrées lorsque j’habitais à proximité de Toulouse. Mais il n’était pas seulement gentil, il était aussi profondément intéressant et intelligent. Il était pour moi un oncle de cœur ;

– Sylvie et Georges étaient mes grands-parents de cœur : ils m’avaient accueillie chez eux, en Martinique, à mon arrivée en septembre 1996 ; Sylvie nous a quittés en juin 2021, Georges en avril 2022.

Les entreprises avec lesquelles j’ai travaillé sur cette période sont désignées par l’initiale ou les deux premières lettres suivies d’une étoile (par ex. L*).

On y va ?

Année 4 – 16 mars 2020 – 7 avril 2021

1/24 CLAP !

Les 15 premiers jours ou la bascule dans un autre monde !

Lundi 16 mars 2020 – Tuilerie de Bezanleu (77) – veille du premier confinement

Ce soir, Macron va sans doute nous imposer un confinement. Je n’ai plus le temps ni l’énergie de partir. Et, de de toute façon, si je partais, il faudrait que j’aille m’isoler au moins 2 semaines avant d’aller voir ma nièce. Autant ne pas courir et rester à la Tuilerie où je suis bien.

J’appelle le centre de contrôle technique pour vérifier qu’ils continuent au moins aujourd’hui, ouvre la maison, fais manger les chiens vers 9h et pars pour Montereau (77) vers 10h45. La salle d’attente est interdite pour cause de covid19. La menace se précise. J’attends donc dehors que mon camion passe la contre-visite, parle un peu avec une femme sympathique qui attend aussi sa voiture. Elle me dit qu’elle ne sait pas comment elle va payer ses employés (entreprise d’électricité) : seulement 30 % du salaire seraient pris en charge selon ses informations… Elle repart en me disant de prendre soin de moi. Les autres passants sont souriants. Impression bizarre de veillée guerrière mais bienveillante. Et si ça réveillait la gentillesse ? Ce n’est pas bien sûr mais, au moins, ce genre de circonstances exceptionnelles permet aux gens gentils de montrer leur bon côté.

Mon camion ne passe pas la pollution. Il faudrait un nettoyage à l’hydrogène… C’est maintenant qu’on me le dit ! On m’avait seulement parlé d’un produit nettoyant. Le garage L. en a mis et a changé le filtre à gasoil… Ça aurait dû suffire. Tant pis, ça attendra que le gros de la tempête soit passé.

Je fais le plein au gros Leclerc (le gasoil est descendu à 1,2789€ :-)) et file ensuite de l’autre côté lancer une machine et tenter un saut au petit Leclerc de Varennes. Il est fermé ! C’est la pause de midi. J’avais oublié. Je repars vers le grand centre commercial. Ça ne m’enchante pas mais je veux faire des courses avant que les déplacements ne deviennent trop compliqués. Les magasins de la galerie marchande sont fermés. Des affiches « fermeture administrative » ornent les devantures. Le grand Leclerc est bien ouvert et assez fréquenté. Quelques rayons commencent à se dégarnir. On sent une certaine frénésie mais ce n’est pas la panique. Les gens sont même relativement courtois. Les queues sont assez longues aux caisses et les caissiers/caissières sans protection particulière, pas même de gants contrairement à la caisse de la station service. Je sors avec 102€ de courses. J’ai pris un stock de sachets pour Luna, 4 petites bouteilles de gaz pour le réchaud mais aussi pas mal de choses au chocolat. C’est le stress. Tant pis ! Mais j’en ai au moins pour un moment ! J’espère que le magasin de croquettes de Nemours sera bien ouvert tout à l’heure.

Retour à la caravane vers 14h. Je libère les chiens tout contents, nettoie le terrain (désencrottage), range et étends le linge, grignote en même temps. Appel d’E. du cabinet S. qui est sur la route en direction du Finistère pour rejoindre sa famille. Notre mission en cours sur la participation citoyenne devrait être suspendue, mes prochains entretiens en face à face pour la mission sur l’énergie se feront par téléphone. On s’adapte. Le bon côté, c’est que je ne vais pas courir dans les prochaines semaines.

En attendant, il me reste encore une fin d’après-midi un peu speed. 16h, j’embarque les chiens pour une balade en forêt de Nemours, du côté de l’esplanade en gruyère. Le temps est beau et les flaques généreuses : Bonnie en profite pour bien se baigner. Nous croisons au retour un promeneur avec deux whippets adoptés : un chien et une chienne avec des colliers très chics. On en rigole avec leur humain. Puis nous filons chez Servidog. Ouf, c’est ouvert. Je discute un peu et repars avec deux sacs. Thierry, le gérant amateur de préhistoire me dit qu’il a fait le chiffre d’une semaine en une journée. Tout le monde appréhende ce soir. Pourtant, il pourra rester ouvert puisque les commerces d’aliments pour animaux pourront continuer. Stop ensuite à la pharmacie en face pour un thermomètre au cas où : il n’y en a plus. Je repars avec du dentifrice. C’est déjà ça ;-)

Retour à la Tuilerie. Il commence à faire nuit. Je ferme la maison et donne la gamelle du soir. Enfin, il est 20h. Macron annonce comme on le redoutait le confinement pour demain midi. C’est acté : on reste à la Tuilerie sans s’affoler. La pression retombe un peu. On est fixé.

Mardi 17 mars 2020 – Début du confinement à midi

Dans la nuit, je me suis assise et attaché les cheveux, doublé le sac de la poubelle en prévision… mais finalement mon mal au cœur n’a pas été plus loin. J’ai trop mangé de chocolat hier … de stress :-D RI-DI-CULE !!! Mais c’est comme ça ! Au moins, ce n’est pas une maladie grave et ça devrait passer vite ! Il ne faut pas que j’oublie que je vieillis : les quelques écarts que je m’autorise sont vite sanctionnés :-D

Je traîne. Aucune envie de m’affoler. On est mardi, mais j’ai l’impression d’avoir gagné un nouveau dimanche, tranquille celui-là ! Je ne fais presque rien de la journée, passe quelques coups de fil. Je vais devoir reporter le voyage en Martinique prévu pour l’anniversaire de Georges. Par téléphone, Patricia me fait remarquer que je vais avoir du temps pour mes publis :-D On se marre quand même un peu !

Balade à côté avec les chiens. Tout est calme… Toujours envie de ne rien faire. Échange de conneries sur WhatsApp. Valérie, mon amie d’enfance a fait de belles trouvailles, potaches à souhait !

Mercredi 18 mars 2020 – confinement jour 2

A 8h, réveil avec Adam debout sur son lit : il a encore crotté… Heureusement, je peux nettoyer sans devoir tout changer. Puis réveil de la maison. Quelques mails. Matinée tranquille. Un peu d’ordi, mais sans forcer. J’écris à l’ANTS pour solliciter l’envoi de ma carte grise chez Courrier du Voyageur. J’espère que la situation actuelle va plaider en ma faveur. Puis, comme mes réserves d’eau sont basses, je décide de partir à Nanteau (pour faire le plein au cimetière). Je me suis préparé un papier précisant le motif de ma sortie et j’ai pris avec moi un exemplaire de ma domiciliation à Lorrez. On verra bien !

Finalement, pas de gendarmes à l’horizon. Tour en forêt sans problème avec les chiens après un stop pour les poubelles devant la mairie de Nanteau au point d’apport volontaire, arrêt à la boulange en repartant. Tout a l’air normal. Le boulanger semble avoir de quoi faire :-) Parfait ! S’il n’y avait pas les affiches pour demander que soit respectée la distance de sécurité et encourager les paiements sans contact, on pourrait croire que la routine habituelle a repris ses droits. En fait, il s’agit bien d’une nouvelle routine et il va falloir s’y faire car je pense que nous en avons pour longtemps.

Stop pour le plein d’eau au cimetière et retour. Gamelle des chiens, fermeture de la maison pour la nuit, mise à jour de ce journal abandonné depuis mercredi dernier. La semaine qui vient de s’écouler a été d’une intensité rare. Nous sommes entrés dans un autre monde. Pourtant, nous sommes encore préservés, comme à l’arrière en temps de guerre. Je croise les doigts pour que ça dure. Je m’inquiète quand même pour l’approvisionnement. Échange avec ma belle-soeur : chez eux, à Guichen, le supermarché tourne encore normalement. Je crois qu’il faut faire plus de réserves malgré tout. C’est en soi un peu idiot car ça favorise les pénuries mais j’ai bien peur que nous y allions tout droit, et pas à cause de la trouille des consommateurs. Les salariés de l’agro-alimentaire craignent pour leur santé et ils ont bien raison. Comme ils ne sont pas protégés comme ils le devraient, beaucoup rechignent à aller travailler et risquent d’y renoncer bientôt. Les chaînes logistiques souffrent aussi à tous les niveaux. On va peut-être se retrouver avec un rationnement strict et un déploiement de l’armée pour prévenir les pillages de magasins dans quelques semaines si ce n’est quelques jours, sans parler des quartiers urbains pauvres où le confinement dans de petits appartements va devenir insupportable.

N. me demande des nouvelles. Merci ! De son côté, les enfants deviennent durs à tenir sans école !

En fin de soirée, Valérie m’envoie encore des perles dénichées sur internet : un tapis de course low tech brésilien (un peu de lessive vaisselle et d’eau par terre :-D) et un dino madrilène qui va déposer de l’huile dans le container orange, comme son costume :-D Merci ma cops ! Et ça me fera des vidéos pour le réveil de Gerlinde.

23h10. Temps d’éteindre. Je n’ai vu personne ou presque mais j’ai échangé beaucoup plus que d’habitude à distance. Et j’ai bien rigolé. C’est l’arme absolue en ce moment : surtout ne pas perdre le moral. Le mien semble inébranlable. J’espère que ça va durer. J’ai toujours un peu mal au crâne : je croise les doigts pour que ce ne soit que de la fatigue. Au lit ! Demain, je veux me remettre pour de bon au boulot et régler un peu d’administratif : entre autres, repousser mon voyage en Martinique.

Mais au lieu de fermer sagement l’ordi, je regarde le début d’une vidéo sur LeMediaTv.fr. Il s’agit d’un condensé d’une vidéo destinée à des soignants sur un site de formation en réanimation. L’article qui l’accompagne en fait la synthèse : le pic qui vient de démarrer pourrait durer 4 à 5 mois. J’envoie le lien à mon frère. La source est sûre, le propos terrible. Nous allons, en fait nous y sommes déjà, dans une catastrophe sanitaire au long cours. Je ne visionne que les 10 premières minutes.

Minuit 15. J’ai toujours mal et crâne et un peu mal au cœur. Je pense que ce n’est que de la fatigue et je l’espère ! Le remède, je le connais : il faut dormir. Cette fois, j’éteins.

Jeudi 19 mars 2020 – confinement jour 3

Réveil à 8h. Je me sens mieux. Je traîne, prends tout mon temps et c’est bon :-) Routine habituelle mais au rythme d’un dimanche.

J’appelle Isabelle L. en fin de matinée : elle est confinée avec son mari, Patrice, son plus jeune fils et sa compagne. Je lui envoie également la vidéo inquiétante pour avoir l’avis de Patrice, qui est pharmacien de formation, et de son gendre médecin à Bordeaux. Je ne doute pas de la véracité de la vidéo des soignants. Mais c’est tellement énorme que j’ai besoin d’un décryptage supplémentaire à celui effectué par LeMediaTv.

13h : j’allume enfin l’ordi mais je me sens bien fatiguée tout d’un coup. Siesta avec Adam et Lune tout contents. Elvis et Bonnie prennent le soleil dehors. Je me réveille en ayant faim. Tant pis pour l’ordi, je me prépare rapidos un grignotage en écoutant la radio et en regardant les infos sur mon téléphone. 80 % des personnels d’Aéroport de Paris (ADP) sont mis ou vont être mis en chômage partiel. Il n’y a pas à dire : tout est hors norme dans cette crise. D’un point de vue global, la situation d’ADP n’est qu’un confetti dans un océan de naufrages économiques annoncés, mais elle montre bien la mesure de ce qui est en train de se passer : si les échanges s’arrêtent pour de bon, malgré les promesses des gouvernants de maintenir l’approvisionnement, les chaînes logistiques vont toutes tomber les unes après les autres.

Coup d’œil au blog de Frédéric Lordon sur Le Monde Diplo : aujourd’hui « les connards qui nous gouvernent ». Il tombe juste à chaque fois. Et pas que dans les titres. L’analyse est fine et le constat toujours identique : il faut arrêter de compter sur les soi-disant élites. Il va falloir se retrousser les manches, citoyens, pour aller VRAIMENT, RÉELLEMENT, contrôler ce qui se passe au sommet de l’État, ne pas lâcher nos élus, trouver d’autres systèmes d’accès aux investitures… Bref, on sait tout ça. Mais aujourd’hui nous voici au pied du mur. La rentrée politique de septembre promet d’être électrique.

Je me remets quand même sur le journal de l’année 1 : relecture et quelques modifications sur l’intro avant de l’envoyer à Isabelle L. qui est d’accord pour balayer le doc et m’aider à chasser les coquilles. Merci !! Un tour sur le site de Météo France. Là aussi un message relatif à la Covid19 ! Sans doute moins de relevés et de personnes à leur poste ?

Je me sens de nouveau fatiguée. Mini siesta numéro 2 avec Adam et Lune qui doivent trouver que le confinement a du bon. J’émerge un peu avant 17h et appelle Sylvie. Je lui confirme que je ne pourrai pas venir pour l’anniversaire de Georges mais que ce sera peut-être jouable en septembre. Je ne lui dis pas ce que je pense tout bas : avec ma flipette de l’avion, j’ai peur que des semaines sans activités entraînent un danger à la reprise. La sécurité sur un avion, c’est qu’il vole. Je ne sais plus où j’avais entendu ça et je ne sais pas si c’est toujours d’actualité mais je croise bien fort les doigts pour que, dans l’affolement de la reprise, les compagnies ne bâclent pas les contrôles et les révisions des appareils.

17h30 : balade à pied avec les chiens.

Soirée très agréable avec la routine habituelle : dîner des chiens, le mien, un peu d’ordi mais sans plus. Un beau retour par mail du maire de Treuzy-Lévelay sur Tr@que. Merci !

Quelques démarches décevantes plus loin (toujours pas moyen de récupérer ma carte grise : l’envoi est bloqué, il va falloir que je réécrive car je n’arrive pas à faire la manip indiquée…), j’éteins l’ordi.

Il est 22h30. Je me sens toujours fatiguée mais je ne veux pas me coucher sans lire un peu. Je me prépare mon café plaisir du soir et reprends le livre de Kolbert : La 6e extinction. Je n’ai pas beaucoup avancé et je ne lis plus vraiment ces derniers jours. Comme les abdos que je devrais faire (j’essaie de transformer mes gestes quotidiens comme lever les sacs de croquettes, m’étirer… pour me remuscler un peu, ce qui n’est pas du luxe vu les petites balades et le rythme lent adopté pour Bonnie), je ne dois pas arrêter de lire. Ne plus lire, c’est un crime contre soi-même. Quelques pages donc, mais je tombe. Tant pis. J’ai au moins rouvert ce livre : un bonheur de changer de bruit de fond, d’arrêter enfin la radio. Où je suis, je capte bien Inter et Culture. Culture est généralement mon canal préféré, mais j’ai pas mal écouté Inter pour ne pas louper d’infos sur le début des mesures prises en France pour la covid19. Je suis atterrée de voir Inter se muer en BFM de la radio. « Le téléphone sonne » a toujours la même animatrice/journaliste qui reformule 3 fois les questions des auditeurs avant de couper la parole car « vite ! On n’a pas le temps ! »… Affligeant, tant au niveau de la pratique que du fond qui reste quand même ras des pâquerettes. Heureusement, certains invités sortent parfois du lot et font monter le niveau mais cela reste difficile avec une maîtresse de cérémonie aussi nulle. Cela confirme bien qu’au-delà de l’information, les médias ont aussi, d’abord ?, pour rôle de favoriser la cohésion du groupe. Les mauvaises nouvelles permettent de se sentir soudés. C’est aussi pour cela que ragoter en groupe est si bon : ça resserre les rangs et … c’est donc utile à la survie, en tout cas ça l’était pour nos ancêtres. Aujourd’hui, ça profite surtout aux fake news.

23h. Dernière sortie des chiens avant de fermer la maison. Lune fonce droit sur un hérisson pas du tout effrayé. Sans doute le même que la dernière fois ? Je rentre les chiens et le regarde s’éloigner.

Puis enfin au lit après une toilette rapide. Il faut vraiment que je me lave plus tôt pour que ce ne soit pas une corvée.

Vendredi 20 mars 2020 – confinement jour 4

Ce matin j’hésite à aller à Nemours pour imprimer des feuilles de sortie et la carte verte de l’assurance (celle qui est sur mon pare-brise est périmée). Mais le magasin d’informatique est fermé pour cause de confinement. Tant pis. Je prends donc mon temps.

Vers 13h15, j’emmène les chiens sur le chemin d’hier. Il fait bien chaud et Bonnie a du mal mais je veux récupérer son collier que j’ai dû laisser tomber bien avant de revenir à la Tuilerie. Je reviens sur mes pas par moments pour que Bonnie ne s’inquiète pas et ne s’essouffle pas trop. Finalement, pas de collier. Nous faisons demi-tour et Bonnie se baigne dans une grande flaque bienvenue dans un pré sans chevaux pendant qu’Adam y chasse les insectes volant au-dessus de l’eau. Il ne faut pas traîner car nous avons rendez-vous à 15h chez le vétérinaire à Montereau. Pas question de louper ce rendez-vous car, en plus des vaccins, je veux un avis sur l’état de Bonnie.

14h. Pas de Luna ! Je demande aux voisins immédiats qui l’ont vue un quart d’heure plus tôt… Je ressors et demande au mari de la gentille dame d’à côté. Il jardine et n’a pas vu de chat. Je refais un tour en courant dans la Tuilerie sans la trouver. Je mets la caisse de transport sur le siège passager au cas où elle surgirait au moment où nous partons et embarque les chiens. Non, pas de Luna. Tant pis !

Le parking de la clinique est plein. On sent l’affolement. J’en fais partie car j’ai avancé le rendez-vous qui était prévu lundi. Et j’ai eu de la chance car le Dr G. me confirme qu’à partir de lundi, ils ne gèreront plus que les urgences. Il voit d’abord Adam et Lune. Adam a un bon cœur : c’est ça qui le fait tenir mais il faut que je m’attende à ce que ça s’arrête. Pour l’instant, mon coco fait du bonus ! Il a des douleurs et le véto me dit que c’est sa tête qui le fait avancer. Oui, c’est un chien courageux. Mais tellement heureux quand même, toujours joyeux de partir en balade, voire tenté de partir seul si je ne fais pas assez (et avec le confinement, ça risque d’arriver, même sur nos chemins de campagne : le véto m’indique que la forêt de Fontainebleau est maintenant fermée!). Lune va bien. Il faudra faire une prise de sang pour un bilan à jeun quand la situation sera revenue à la normale, idem pour Adam pour lui doser éventuellement des anti-inflammatoires. Je les remets dans le camion et descends Elvis que je fais marcher dans la cour sur le regard du véto qui est bien moins enthousiaste que moi.

J’étais heureuse qu’Elvis n’ait pas à subir d’opération et vive comme les autres mais son ligament est bien déchiré à gauche. Il a perdu la moitié de sa masse musculaire et compense à 100 % ou presque avec le postérieur droit qui risque de flancher aussi. Il serait judicieux d’opérer. Le véto me dit que la semaine pendant laquelle l’opération d’Elvis avait été programmée en décembre, il est arrivé la même chose avec un autre chien : il est arrivé sans boiter pour son opération qui a été annulée. Mais ce chien a dû être opéré il y a 10 jours. Comme Elvis, il a eu un sursis mais les dégâts sont bien là. Au-delà du coût que je pourrai prendre en charge cet été si LP est récalcitrant, j’hésite, car je ne sais pas si Elvis a encore beaucoup à vivre. Bien sûr, s’il peut vivre encore 3 ou 4 ans, alors il faut opérer. Mais les border de Frédéric P. à Teulat (81) ne vivent pas au-delà de 12 ans en moyenne. Et, autre élément qui ne m’est revenu que dans la soirée, Elvis est fusionnel avec Bonnie : je ne sais pas comment il réagira quand elle partira.

Justement, Bonnie est examinée et vaccinée comme Adam et Lune (pour Elvis, c’est en septembre). Et là, c’est la douche. Ce que la véto que je voyais avant dans ce cabinet avait considéré comme une boule de graisse n’en est pas une. Elle est dure. Le Dr. G. me dit qu’il se bat avec ses collaborateurs pour qu’on enlève tout ce qui peut être suspect. Or le Dr. R. que je voyais avant m’a fait la morale l’année dernière : j’avais laissé grossir Bonnie et ce qu’on voyait était de la graisse. Aveuglée par ses préjugés et sa colère envers les maîtres imbéciles qui nourrissent trop, elle n’a pas vu ce qu’il fallait voir. Or, j’avais remarqué et signalé cette boule dès 2016 : c’est d’ailleurs indiqué dans le dossier de Bonnie. La boule avait alors la taille d’une noisette. Que faire ?


Vu l’âge et la condition physique très moyenne de Bonnie, nous décidons d’attendre. Il m’explique que la boule qui tend la peau commence à la faire craquer, que ça ne tardera pas. Il est même étonné que ça n’ait pas déjà craqué. Quand ça va s’ouvrir, cela va saigner beaucoup. Ce sera très impressionnant mais elle ne mourra pas d’hémorragie car elle ne peut pas se vider de son sang par une tumeur. A ce moment-là, j’aurai donc le temps de prendre rendez-vous. Comme une plaie de cette taille et à cet endroit ne cicatrisera pas, il faudra alors opérer en espérant que Bonnie supporte l’anesthésie. L’euthanasie interviendra plus tard s’il le faut. Je suis désespérée et en colère. J’arrive à ne pas pleurer mais j’exprime clairement que je ne comprends pas pourquoi le dr. R. a choisi d’attendre. Il reste une autre possibilité : si Bonnie est « chanceuse », la peau ne craquera pas et elle s’endormira pour toujours en paix dans son sommeil. Mais il faudrait alors que ça arrive vite. Le plus probable est qu’on va vers une opération. J’aurais voulu une fin de vie plus tranquille pour ma Bonnie. Le bon côté, c’est que je sais ce qui va sans doute se passer et comment réagir. Je ne serai pas démunie. Quelle chance d’avoir pu avancer le rendez-vous ! Si j’avais gardé lundi, c’était cuit !

Nous parlons aussi un peu de la covid19. Il pense que nous allons vers au moins 45 jours de confinement avec couvre-feu. Un peu plus tôt, il a pris une communication et expliquait à la cliente que le matériel de la clinique pouvait être réquisitionné en cas de besoin par l’hôpital de Montereau.

Je sors et pleure dans le camion. Stop pour une lessive à côté du petit Leclerc de Varennes qui est ouvert. Je fais pour 100€ de courses encore, dont un épluche légumes plus ergonomique avec un manche en bois et un « bec » en métal plus plat (donc plus efficace et économe) comme celui que j’ai perdu et une dizaine de litres d’huile de colza à 1,17 €, donc moins cher que le diesel malgré la baisse des prix. Ce sera ma petite réserve dans le camion. Le magasin est fréquenté par des policiers qui font aussi quelques courses en uniforme. J’en profite pour demander comment faire avec mon contrôle technique. Ils me répondent qu’ils vont avoir d’autres soucis dans les semaines qui viennent. Sauf si mon contrôle a 6 mois de retard, je ne serai pas embêtée. Et cette carte grise que je n’arrive pas à récupérer… Je prends aussi du saumon en promo et des saucisses pour mes cocos. J’avais bien raison de gâter ma Bonnie au printemps 2019 : au lieu de m’engueuler, la véto aurait dû planifier une opération !

Je repars, manque d’oublier le linge, fais demi-tour heureusement non loin, le récupère et rentre. Je n’ai pas un gros moral. Je suis triste pour Bonnie et Elvis : 2020 va être l’année des opérations.

De retour à la Tuilerie, Luna est là, qui gueule devant la caravane. Je lui ai repris des pâtés. Elle est contente. Elle sait qu’il y a en général du nouveau pour elle quand je rentre de balade avec des sacs.

Dîner de la bande, je grignote en rangeant, me lave en prenant mon temps. Je suis désespérée et en colère pour Bonnie. J’espère pourvoir l’accompagner le mieux possible. Demain, je préviendrai LP. J’écoute Le Télégraphe céleste sur Culture et pleure. Le texte est très beau et la mise en onde réussie. La littérature est bien un médicament !

Vers minuit, j’hésite à allumer l’ordi. Je repense à cet entretien d’Amélie Nothomb qui se tient à une discipline d’écriture tous les jours entre 4h et 8h du matin, quelles que soit les circonstances. Elle a raison. Je n’ai rien écrit ni lu aujourd’hui : c’est comme si je n’avais rien fait mais j’ai pu montrer mes loulous au véto. C’était important. Je suis bien fatiguée, je travaillerai plus demain. Aujourd’hui j’ai couru mais le confinement va se durcir. Je vais pouvoir me concentrer sur mon travail d’écriture.

Quelques exercices avant minuit pour me dérouiller. Je suis vraiment molle de partout ! :-D

Samedi 21 mars 2020 – confinement jour 5

9h. Adam se lève. Vite, je jumpe et lui ouvre. Ouf, pas d’accident dans la maison ! Il revient. Je me recouche et traîne jusqu’à 10h avec mes cocos et les infos sur le téléphone. Elvis prend le frais dehors. Le temps est gris et le vent assez désagréable. J’ouvre et aère, installe le panneau, donne la gamelle du matin avec le saumon acheté hier. Même Luna dévore !

Je me sens plus d’attaque aujourd’hui : contente de pouvoir au moins anticiper un peu pour Bonnie et Elvis. Ce matin, la boule de Bonnie saigne un peu ! Elle a enlevé une croûte en se léchant. Je lui mets une compresse avec un peu de vaseline pour protéger et amoindrir les tiraillements. J’espère que ma Bonnie va pouvoir profiter de la vie au moins encore quelque temps.

Je prends mon temps et me mets sur l’ordi vers 13h pour mettre ce journal à jour (laissé de côté depuis mercredi soir dernier). Luna, mon baromètre à poils, est restée avec nous sans bouger toute la nuit et est revenue se coucher dans sa maison après une petite sortie dans la matinée: c’est qu’il fait moche dehors et que ça va durer !

15h34 : j’essaie de sauvegarder le journal mais il n’y a aucun réseau.

Je laisse un message vocal puis échange sur WhatsApp avec LP. pour Bonnie et Elvis.

Pas de balade dehors aujourd’hui mais un tour de désencrottage approfondi vers 16h30.

Mini sortie aux poubelles avec Elvis et Lune puis dîner des chiens et routine du soir.

Ma belle-soeur a senti que j’avais besoin d’un petit remontant : elle m’a envoyé une vidéo de ma nièce qui me dit « bonjour tata Alex » et m’envoie des bisous. Merci ! Valérie a aussi pensé à moi aussi avec sa ration quotidienne de vidéos hilarantes. Merci, les filles !

19h40 : de nouveau sur l’ordi. Il me faut une meilleure organisation. Je traîne trop et perds encore beaucoup de temps avec le quotidien. Journée tranquille et reposante mais sans plus d’efficacité sur le reste. J’ouvre la suite des 11 (suite de mon roman Tr@que) et pose quelques lignes. Ce n’est pas grand-chose mais ça me change ma journée. Il faut absolument que je me tienne à mon objectif : priorité absolue à l’écriture.

Il y a toujours beaucoup de vent et des courants d’air désagréables au niveau de la porte malgré les deux rideaux. Nous n’avons que 13/14°C dans la maison : je relance le chauffage en veillant à ne pas trop faire grimper la température pour le confort d’Elvis et Bonnie qui ont souvent trop chaud.

20h20 : trop de monde sur les réseaux. J’arrête pour un thé et un peu de lecture. Bonnie saigne un peu. J’enlève la compresse pour que la blessure respire.

J’envoie des photos des « empreintes en négatif » de Bonnie et Elvis sur le sol à D. pour son fils (givre fondu sur l’herbe quand ils s’y sont couchés quelques minutes ce matin). Il faudrait que je lui propose un carnet de liaison de curiosités. Cela le ferait écrire et travailler sans y penser car c’est un enfant hyper créatif. Je sors les carnets que m’a donnés D. J’en choisis un aussi pour ma nièce et commence une histoire qui m’emmène vers des mots pas sages qui se déforment et se recombinent entre eux. Il reste à habiller le texte de couleurs et les pages de collages.

23h01. Douche bassine. Toujours un vent fort et désagréable. Luna est rentrée : le temps agité devrait donc durer cette nuit.


Dimanche 22 mars 2020 – confinement jour 6

8h10 : je me réveille en pleine forme :-) Dehors il fait 5 seulement ! J’ouvre et aère mais lance le chauffage.

Après la gamelle du matin et mon petit-déj, je me mets au boulot pour ma nièce. Je sors tous les feutres que je peux trouver et fais l’inventaire des papiers et autres accessoires que je pourrai utiliser pour son histoire. Je trouve comme je l’espérais dans les fournitures un petit miroir qui convient parfaitement pour le début. Puis coloriage de la moitié du texte. Je demande à ma belle-soeur leur adresse en espérant que le courrier va continuer de circuler. Je n’ai pas fini mais je prendrai mon temps pour que ce soit peaufiné :-)

14h. Déjeuner et siesta. Décidément, ce n’est pas aujourd’hui encore que je vais avancer à la vitesse de la lumière ! De nouveau quelques bricoles puis une deuxième mini sieste. Suis inefficace mais après tout… Ce doit être mon rodage de quarantaine ! Adam et Lune, en revanche, sont bien contents que je dorme avec eux.

16h. Balade dans les champs. Il fait plus frais que ces derniers jours : Bonnie va mieux. On fait un tour assez important qui fait du bien à tout le monde. Je suis partie avec mes papiers et une attestation sur l’honneur pour ma sortie… Je n’ai croisé personne hormis des gens avec des chiens un peu plus loin en allant vers Villemaréchal. J’ai tourné avant. J’espère que nous pourrons toujours nous balader dans les champs et, surtout, que nous n’aurons pas de délation. J’ai peur que certains chasseurs, trop contents d’éloigner les promeneurs des chemins ne profitent de la situation.

Retour à la Tuilerie. Je me sens mieux d’avoir marché plus qu’hier. Nouveau tour de nettoyage du terrain. Les espaces non tondus à ras laissent place à de jolies prairies fleuries tandis que les zones de passages et tout l’avant de la Tuilerie restent dégagés. Désiré n’aura pas grand-chose à nettoyer. J’espère qu’il gardera une partie en prairie. Du coup, des orties poussent en hauteur : je vais pouvoir me mettre à la cuisine d’orties :-)

Gamelle des chiens, un peu d’étirements et d’abdos pour moi. Il faut vraiment que je sorte de ce confinement plus en forme et en ayant bien avancé sur mes publis.

18h15 : un thé, un chocolat chaud avec du pain, des carottes avec les chiennes et une orange. Puis, enfin, j’allume l’ordi pour tenir le journal. En fonction du réseau qui sera disponible ce soir, j’essaierai de me débarrasser d’un peu d’administratif pour attaquer directement demain matin sur les dernières mises en forme du journal de l’année 1. Isabelle L. est en train de le relire. Merci !! Je relancerai les quelques retardataires pour les prénoms demain.

Appel de Désiré dans la journée. Ça va bien pour eux dans Paris. Tant mieux ! En revanche, il prévoit le report de tous ses spectacles de musique en fin d’année et sur l’année prochaine. Le festival qui devait inaugurer l’ouverture culturelle de la Tuilerie début mai risque aussi de glisser vers l’automne.

Appel de Gerlinde avec qui je parle longuement de Bonnie et Elvis. Merci pour ton écoute !!

Un tour sur The Guardian qui publie quelques photos de soupes populaires du début des années 30 aux USA. Je suis toujours très émue par le spectacle de la misère. Ça me met à plat.

Lundi 23 mars 2020 – confinement jour 7

Encore une fois, je prends mon temps. Réveil très tranquille de la maison vers 9h, mais je traîne jusqu’à 10h avec le téléphone. Pas intelligent : j’ai loupé une belle heure d’ensoleillement pour mon panneau et pris une heure de « retard » juste pour échanger quelques vidéos et regarder des infos qui sont, de toute façon, mauvaises.

J’ai prévenu Désiré que je prendrai un peu d’eau à la Tuilerie pour éviter de sortir juste pour remplir mes bidons. J’ouvre la vanne à l’extérieur, fais mon « plein » d’eau et referme la vanne pour éviter tout dégât si jamais il y avait une fuite. Les voisins immédiats prennent le soleil. Je leur donne un exemplaire de Tr@que que je n’ai touché qu’à 2 endroits de la couverture. Je leur dépose sur un poteau de leur grillage. Ils n’auront qu’à désinfecter la couverture par précaution.

Un peu d’administratif : annulation de la réservation du parking à Orly et de la location de voiture en Martinique. Je remplis le formulaire d’Air Caraïbes pour bénéficier d’un avoir. Depuis lundi, il est interdit de se rendre aux Antilles sauf pour une raison impérative…

Valérie est confinée chez elle avec sa fille. Elles ne sont pas sorties depuis mardi. Valérie, qui est prof en collège, à la trouille que ses élèves lui aient filé la covid et surveille chaque signe suspect. J’espère qu’elle va passer au travers. De mon côté, pas de grande inquiétude, même si la maladie n’est pas à prendre à la légère. Je veux surtout éviter de tomber malade, car je n’ai pas de solution pour la garde de mes animaux et j’espère bien profiter au maximum de ce confinement pour avancer sur mes publications. D’ailleurs, il est temps de m’y remettre sérieusement : ces derniers jours, j’ai passé beaucoup de temps sur WhatsApp et échangé bien plus que d’ordinaire avec des humains. Ce n’est pas désagréable mais très chronophage.

Pas de balade avec les chiens. Il y a du soleil mais le vent est toujours très vilain. A la place, je les laisse cavaler un peu dans le chemin devant la Tuilerie avant de faire un tour de nettoyage approfondi du terrain avec jeux et brossage.

...

Du bitume à l'eau, journal de bord

Du bitume à l'eau, journal de bord

Par Alexandra Borsari

Écrivaine de fiction et non-fiction. Militante pour un congé citoyen et la Skholè pour tous : avoir du temps pour soi, en particulier pour les activités culturelles, ne devrait pas être un luxe réservé à de rares élus. Nomade sur les routes d'avril 2017 à début 2023, je vis maintenant sur l'eau dans un petit voilier. Apprentissage de la navigation en cours pour repartir en itinérance, au moins une partie de l'année.

Photo GL : estuaire de la Vilaine, septembre 2023.

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